L’éclosion des pommes, bleuets et raisins à vin biologiques
Centre d’agriculture biologique du Canada
Motivée par une population consciente de santé et d’écologie, la Colombie-Britannique continue d’afficher la hausse la plus importante en production biologique dans tout le Canada. Avec ses paysages variés, ses climats uniques et une communauté fermière biologique historiquement progressive, la province semble faite pour satisfaire la demande des consommateurs, particulièrement la demande en fruits biologiques.
Gerry Neilsen, un chercheur d’Agriculture et Agroalimentaire Canada au Centre de recherches agroalimentaires du Pacifique (CRAP) et co-auteur de « » est d’accord. En termes de pratiques agricoles et de recherche « nous avons été jusqu’à maintenant plutôt progressifs en production fruitière biologique. » Tom Lowery, co-auteur et collègue de recherche, partage les vues de Gerry et soutient que « la Colombie-Britannique est l’un des leaders dans le domaine de la production biologique de petits fruits. »
Dans cet article, publié dans le Canadian Journal of Plant Science et écrit en réponse à la demande accélérée pour les produits biologiques, Gerry, Tom et leurs collègues de recherche au CRAP analysent et évaluent l’efficacité des ressources actuelles et les pratiques de gestion des insectes et des maladies pour les cultures des fruits biologiques les plus intéressantes en Colombie-Britannique : les pommes, bleuets et raisins à vin. Tout en faisant la promotion du travail innovateur des fermiers comme des scientifiques, l’article met aussi l’emphase sur les défis que les producteurs et les chercheurs doivent relever pour maintenir la réputation d’excellence de la Colombie-Britannique en production biologique.
Gerry et Tom maintiennent tous les deux qu’une approche holistique à l’égard de la nutrition et de la gestion des nuisibles et des maladies est la clé de la réussite en production biologique de petits fruits. L’agriculture biologique « ne consiste pas à remplacer les intrants conventionnels par des substances approuvées par OMRI » dit Tom. « Il s’agit de développer une compréhension exhaustive de l’écologie du système agricole ».
Puis il décrit une vigne biologique dans la vallée semi-aride de l’Okanagan où la culture de couverture idéale pour les allées pourrait être constituée de plantes à fruit indigènes, moutardes et de légumineuses tolérantes à la sécheresse. Les fleurs indigènes attirent les guêpes parasites et les acariens prédateurs associés à la décroissance des populations de cicadelles. Les moutardes indigènes telles la bourse-à-pasteur assurent une source nutritionnelle alternative à la noctuelle des arbres fruitiers.
De plus, la culture de couverture peut être fauchée, transformée en paillis et “soufflée” dans les rangs pour ajouter de l’azote, accroître la matière organique et, conséquemment, améliorer la santé globale de la communauté biologique du sol.
Évidemment, ce qui s’applique aux raisins à vin (un fruit qui, admet Tom, attitre beaucoup les investissements) ne conviendra pas aux bleuets cultivés sous les conditions humides et fraîches de la vallée Fraser. Les auteurs soulignent le besoin « d’un plus grand effort de recherche » dans les agrosystèmes du bleuet et des autres cultures de petits fruits et sur le rôle des paillis, sur les cultures de couverture des allées et des rangs en approche nutritionnelle intégrée, et sur les stratégies de gestion des nuisibles et des maladies.
Les auteurs mettent également l’emphase sur l’importance des contrôles biologiques et culturaux dans la production de fruits biologiques. Le Programme de la libération intentionnelle d’insectes stériles (Sterile Insect Release (SIR) Program) a encouragé l’expansion de la production de pommes biologiques en contrôlant avec succès les populations du carpocapse de la pomme dans les principales régions de culture de la pomme en Colombie-Britannique. Le Bacillus thuringiensis (Bt) a aussi été précieux tant pour les producteurs biologiques de pommes que de bleuets pour combattre les problèmes potentiels causés par la chenille enrouleuse.
Le processus d’homologation des pesticides approuvés en production biologique par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) demeure toutefois un obstacle à la croissance de la production de fruits biologiques en Colombie-Britannique. L’huile de neem, par exemple, est largement utilisée tant aux États-Unis qu’en Europe pour le contrôle des nuisibles en production biologique mais son utilisation n’a pas encore été approuvée au Canada.
“Vous pouvez utiliser ce produit dans votre pâte dentifrice”, précise Tom, “mais vous ne pouvez pas l’utiliser en pulvérisation”.
Il espère avec ses collègues que le Programme des pesticides à usage limité lancé par l’AAC et l’ARLA pour augmenter la compétitivité des producteurs traitera en priorité quelques-uns des produits de l’arène biologique canadienne.
Gerry conclut que l’une des plus grandes inconnues pour l’avenir de la production fruitière biologique en Colombie-Britannique est le changement climatique. « L’instabilité environnementale » attirera une multitude d’organismes nuisibles inconnus dans les régions de production fruitière et le défi pour les producteurs et les chercheurs sera d’identifier et de déterminer des solutions acceptables en production biologique pour mettre en échec ces populations.
L’autre inconnue, ajoute-t-il, c’est “que les chercheurs et les agriculteurs collaborent ensemble de façon fructueuse ». Adapter la recherche aux besoins de l’agriculteur a traditionnellement constitué un défi. Cependant, Gerry est confiant que la nouvelle génération de producteurs biologiques de la C.-B. à l’aise avec les médias, engagée à maintenir la réputation de qualité de la C.-B. en production de fruits biologiques et motivée par le nombre croissant de consommateurs locavores, passionnés de cuisine et soucieux de l’environnement surmonte cet obstacle avec une certaine aisance.
Rédigé par Tanya Brouwers pour le CABC. Pour davantage d’information : 902-893-7256 ou oacc@dal.ca.
Affiché en novembre 2010